Un tantinet radical peut-être non ?
Ce qui moi me dérange dans la pornographie en ligne c'est sa trop facile accessibilité.
Je m'exprime en tant que parent.
Les filtres parentaux ne sont guère très efficaces et facilement contournables.
Et même si l'on pense pouvoir être assuré de ce qui se passe chez soi, on ne peut de toutes façons pas contrôler l'utilisation du web qui est faite chez les copains ou sur les smartphones des uns et des autres.
C'est précisément cette absence de contrôle, et pour le père que je suis cette perte de contrôle, qui me dérange.
Je vais vous donner un exemple. Tous les parents en ont certainement de semblables.
Mon fils de 12 ans m'a demandé il y a quelques temps ce qu'était une fellation.
Il était un peu incrédule sur le moment en écoutant mon explication.
- Sérieux ?
Tu parles, comme si a 12 ans mettre son zizi dans la bouche des filles pouvait être une idée qui vienne spontanément à l'esprit. Les enfants peuvent être taquins, mais pas à ce point là.
A voir son air chiffonné il trouvait en tous cas l'idée franchement dégoûtante.
Garder le contrôle c'est avoir la possibilité d'amortir certaines réalités, certaines images, certaines vérités. De les mettre en perspective et de les nuancer.
Ici j'ai pu rassurer mon fils avec sourire. Qu'il ne parte pas non plus avec une trop mauvaise idée de la turlute.
- C'est comme le poisson pané, avant t'aimais pas ça, et maintenant t'adores. Patience jeune Padawan.
Je suis d'ailleurs toujours content dans ces cas là de ne pas avoir eu de petite fille.
- Quoi, c'est ça une fellation, le zizi d'un garçon dans ma bouche, non mais ça va pas hein, vous êtes malade, tarés les adultes, jamais je laisserai un garçon me faire ça, c'est dégueulasse, c'est horrible, vous êtes des pervers, je veux pas grandir, j'aime pas les garçons, beurk ...
Va rassurer quand ça commence comme ça !
Quand un enfant est en questionnement il obtiendra une réponse d'une façon ou d'une autre. Ou ce qu'il acceptera comme tel avec la naïveté de son âge.
Un enfant qui ne peut pas ou ne veut pas poser de questions à ses parents à les moyens à notre époque d'aller chercher des réponses seul.
Tout ce que l'on veut il y a sur le Web.
Seulement quand les requêtes saisies abordent de sujets comme par exemple la fellation, ce ne sont pas vers des cours d'éducation sexuelle que Google renvoie prioritairement les visiteurs. A la rubrique vidéo on passe d'ailleurs tout de suite aux suggestions de travaux pratiques.
En repensant à l'air accablé de mon fils j'imagine mieux ce que cela aurait pu avoir de déroutant pour lui de découvrir seul certaines images.
Je ne suis pas docteur, et je ne sais pas jusqu’où la pornographie peut-être traumatisante pour les enfants, mais perturbante certainement.
Je ne milite pas pour que l'on contraigne ou restreigne la pornographie, seulement pour qu'on mette des portes à l'entrée. Avec des serrures je veux dire, comme dans la vraie vie.
Les sex shop restent interdits aux mineurs, et chez les marchands de journaux les revues X sont toujours remisées sur les étagères du haut, loin des petites mains.
Quand il y a quelques années existaient encore les video club, l'espace cochon était soigneusement dissimulé derrière un épais rideau.
Ces limites d'accès n'ont jamais privé qui que ce soit de produire ou de consommer de la pornographie, et personne n'a jamais rien eu a y redire.
Pourquoi est-ce différent sur le web, qui ne pose aucun de garde fou et n'offre pas de contrôle pour faire appliquer l'interdiction de la pornographie faite aux moins de 18 ans ?
Qu'un ado de 16 ou 17 ans enfreigne cette limite est dans l'ordre des choses.
Que des loupiots de 10 ou 12 ans puissent le faire me parait moins acceptable.
