Anniversaire de « Little boy »

Le Japon commémore aujourd'hui le 72 ème anniversaire d'Hiroshima.

Ce qu'il y a de dérangeant dans les commémorations c'est qu'en concentrant toute la lumière sur un événement, aussi tragique soit-il, elles occultent tout son contexte  et offrent une vision raccourcie de l'histoire qui ne correspond pas forcément à la réalité.

Loin de moi l'idée de minimiser l'horreur absolue de ce bombardement du 6 Août 1945. Difficile de trouver des mots pour décrire ce souffle dévastateur qui décima en quelques secondes une centaine de milliers de vies. « Little boy », pour ceux qui ne le sauraient pas est le nom cyniquement donné à cette première bombe atomique lâchée ce matin là à 8h15. C'était un lundi. 
Seulement Hiroshima  n'est de loin pas la seule monstruosité de l'époque.
Sans doute l'a t-on oublié mais dans la nuit du 9 au 10 mars 1945 des centaines de B-29 ont déversé sur Tokyo des dizaines de milliers de bombes explosives et incendiaires tuant et blessant des centaines de milliers de personnes, des civils essentiellement, réduisant en cendres et poussières  près de 40 kilomètres carrés de cette ville.
Plus de 60 villes japonaises au cours des mois suivant furent également bombardées, certaines presque intégralement rasées.
La majorité de ces cibles n'avaient rien de militaire, les Américains ont délibérément massacré des millions d'innocents.

« On tue un homme, on est un assassin. On tue des millions d'hommes, 
on est un conquérant. On les tue tous, on est un dieu »

Jean Rostand

Quand au Japon qui se recueille aujourd'hui en mémoire de cet événement il oublie aussi le contexte qui a présidé à ces catastrophes. 
Se poser en victime permet d'occulter plus facilement la folie meurtrière de ses dirigeants de l'époque et les horreurs commises par les armées impériales dans les zones occupées,  qui n'ont rien à envier aux nazis. 
De mémoire je pense au massacre de Nankin, aux monstruosités commise par l'unité 731 ou encore au sort réservé aux prisonniers de guerre. Je ne suis pas sûr que le pont de la rivière Kwaï, le film de David Lean, qui évoque le sujet rende bien compte de ce qu'ont vécu ces hommes.

Au bout du compte, commémorer quoi, la connerie de l'espèce humaine ?

C'est bien de verser quelques larmes et de faire de beaux discours, mais quand il s'est agi il y a quelques semaines à l'ONU de s'engager, a tout le moins d'en afficher la volonté, à nettoyer le monde des armes atomiques que croyez vous que fit le Japon ? Eh bien il s'abstint ... Lire ici ... 

Lire également le post de Gilles P sur le sujet